La vidéo du discours d'Obama à Prague en 2009

Traduction française du discours d'Obama

Je suis fier de me trouver ici avec vous aujourd'hui, au centre de cette ville prestigieuse, au centre de l'Europe (...).

Quand je suis né, le monde était divisé, et nos nations étaient confrontées à une situation très différente. Peu de gens auraient prédit que quelqu'un comme moi deviendrait un jour un président américain. Peu de gens auraient prédit qu'un président américain serait un jour autorisé à parler à un public comme celui-ci à Prague. Et bien peu encore auraient imaginé que la République tchèque deviendrait une nation libre, un membre de l'OTAN, et serait à la tête d'une Europe unie. Ces idées auraient été écartées comme de doux rêves.Nous sommes ici aujourd'hui parce qu'il y a eu assez de gens pour ignorer les voix qui leur disaient que le monde ne pourrait pas changer.(...)

Nous sommes ici aujourd'hui parce que le printemps de Prague - parce que la quête, simple et légitime, de liberté et de perspectives d'avenir - a couvert de honte ceux qui s'appuyaient sur le pouvoir des tanks et des armes pour écraser la volonté du peuple.

Nous sommes ici aujourd'hui parce que, il y a vingt ans, les gens de cette ville sont descendus dans la rue pour réclamer la promesse d'un jour nouveau et les droits humains fondamentaux qui leur avaient été refusés depuis bien trop longtemps. Sametová revoluce (la "révolution de velours") nous a enseigné beaucoup de choses.

Elle nous a montré qu'une protestation pacifique pouvait ébranler les fondations d'un empire et révéler la vanité d'une idéologie. Elle nous a montré que de petits pays pouvaient jouer un rôle pivot dans les événements du monde, et que des gens jeunes pouvaient montrer le chemin pour surmonter d'anciens conflits. Et elle a prouvé que le pouvoir moral était plus puissant que n'importe quelle arme.

Voici la raison pour laquelle je vous parle en ce moment, au centre d'une Europe pacifique, unie et libre : parce que des gens ordinaires ont cru que les fossés pouvaient être comblés, que les murs pouvaient s'écrouler et que la paix pouvait l'emporter.Nous sommes ici aujourd'hui parce que des Américains et des Tchèques ont cru contre toute attente qu'aujourd'hui serait possible.Nous partageons cette histoire commune.

Mais maintenant cette génération - notre génération - ne peut rester immobile. Nous aussi sommes devant un choix. Si le monde connaît moins de divisions, il connaît plus d'interconnexions. Et nous avons vu les événements se précipiter au point de dépasser notre capacité à les contrôler : une économie mondiale en crise, un changement climatique, les dangereuses séquelles d'anciens conflits, de nouvelles menaces et la prolifération d'armes catastrophiques.

Aucun de ces défis ne peut être résolu de manière simple et rapide. Mais chacun d'eux exige que nous soyons à l'écoute les uns des autres et que nous travaillions ensemble ; que nous nous concentrions sur nos intérêts communs et non sur nos différences occasionnelles ; et que nous réaffirmions les valeurs que nous partageons, qui sont plus fortes que n'importe quelle force susceptible de nous diviser (...).

Pour renouveler notre prospérité, nous avons besoin d'une action coordonnée par-delà les frontières. Cela signifie des investissements pour créer de nouveaux emplois. Cela signifie résister aux murs du protectionnisme (...). Cela signifie un changement dans notre système financier, avec de nouvelles règles pour prévenir les abus et les crises futures. Et nous avons pour obligation envers notre prospérité commune et notre humanité commune de tendre la main à ces marchés émergents et à ces personnes appauvries qui souffrent le plus, ce pourquoi, un peu plus tôt dans la semaine, nous avons gardé en réserve mille milliards de dollars pour le Fonds monétaire international.Pour protéger notre planète, il est temps aujourd'hui de changer la façon dont nous utilisons l'énergie. Ensemble, nous devons faire face au changement climatique en mettant un terme à la dépendance mondiale aux énergies fossiles et en exploitant le pouvoir de nouvelles sources d'énergie (...).

Et je vous promets que, dans cet effort global, les Etats-Unis sont aujourd'hui prêts à montrer le chemin.Pour assurer notre sécurité commune, nous devons renforcer notre alliance.C'est le dixième anniversaire de l'entrée de la République tchèque dans l'OTAN. Je sais qu'à de nombreuses reprises au cours du XXe siècle, des décisions ont été prises sans que vous soyez consultés. De grandes puissances vous ont fait faux bond, ou bien ont décidé de votre avenir sans que vos voix soient entendues. Je suis ici pour dire que les Etats-Unis ne tourneront jamais le dos aux gens de cette nation. Nous sommes liés par des valeurs communes, une histoire commune, et par la promesse durable de notre alliance. L'article 5 de l'OTAN le formule clairement : une attaque contre l'un est une attaque contre tous. Cette promesse vaut pour maintenant et pour toujours.Les habitants de la République tchèque ont tenu cette promesse quand l'Amérique a été attaquée, que des milliers de personnes ont été tuées sur notre sol, et l'OTAN a riposté. La mission de l'OTAN en Afghanistan est essentielle pour la sécurité des peuples des deux côtés de l'Atlantique. Nous visons les mêmes terroristes d'Al-Qaida qui ont frappé de New York à Londres, et aidons le peuple afghan à prendre en main son avenir. Nous démontrons que des nations libres peuvent faire cause commune au nom de notre commune sécurité.Aucune alliance ne peut se permettre de rester immobile. Nous devons travailler ensemble en tant que membres de l'OTAN afin de mettre en place des plans d'urgence pour faire face à de nouvelles menaces, d'où qu'elles viennent. Nous devons renforcer notre coopération l'un envers l'autre (...).

Et nous devons entretenir des relations constructives avec la Russie sur des questions qui nous préoccupent également.L'une de ces questions sur lesquelles je vais me concentrer aujourd'hui est essentielle pour nos nations, et pour la paix et la sécurité dans le monde : l'avenir des armes nucléaires au XXIe siècle.

L'existence de milliers d'armes nucléaires est le legs le plus dangereux que nous a laissé la guerre froide. Il n'y a pas eu de guerre nucléaire entre les Etats-Unis et l'Union soviétique, mais des générations ont vécu avec la conscience que leur monde pouvait être effacé en un éclair.Aujourd'hui, la guerre froide n'est plus, mais ces armes existent toujours par milliers. Par un de ces étranges retournements de l'histoire, la menace d'une guerre nucléaire mondiale a diminué, mais le risque d'une attaque nucléaire a augmenté. Davantage de nations ont acquis ces armes. Les essais se sont poursuivis. Des marchés parallèles font commerce de secrets et de matériaux nucléaires. La technologie nécessaire pour fabriquer une bombe s'est largement diffusée. Des terroristes sont prêts à tout pour en acheter, en construire ou en voler une. Nos efforts pour contenir ces dangers se concentrent sur un régime global de non-prolifération, mais si davantage de personnes et de nations enfreignent les règles, nous pourrions atteindre le point où le centre ne peut plus tenir.Tout le monde est concerné, partout. Une arme nucléaire qui exploserait dans une grande ville - qu'il s'agisse de New York ou de Moscou, d'Islamabad ou de Bombay, de Tokyo ou de Tel-Aviv, de Paris ou de Prague - pourrait causer la mort de centaines de milliers de gens. Et quel que soit le lieu, les conséquences sur notre sécurité, notre société, notre économie et, en définitive, notre survie seraient sans fin au niveau mondial.(...) Tout comme nous nous sommes dressés au XXe siècle pour défendre la liberté, nous devons nous dresser ensemble au XXIe siècle pour vivre libres de toute peur. Et en tant que puissance nucléaire - en tant qu'unique puissance nucléaire ayant eu recours à l'arme nucléaire -, les Etats-Unis ont la responsabilité morale d'agir. Nous ne pouvons réussir seuls dans cette entreprise, mais nous pouvons la conduire.Ainsi, aujourd'hui, j'affirme clairement et avec conviction l'engagement de l'Amérique à rechercher la paix et la sécurité dans un monde sans armes nucléaires. Ce but ne pourra être atteint avant longtemps, sans doute pas de mon vivant. Il faudra de la patience et de l'obstination. Mais maintenant, c'est à nous d'ignorer les voix qui nous disent que le monde ne peut pas changer.Premièrement, les Etats-Unis vont prendre des mesures concrètes en faveur d'un monde sans armes nucléaires.